J’ai tout lu. Une fois de plus emballé, décontenancé, bousculé, enrichi par ce n° 3 de l’Ampoule… Fictions, articles, illustrations, on y trouve de tout : quelques mythologies savoureuses autour de la vie de Tina Aumont, par Arthur Louis Cingualte (Elle pense que les rêves que l’ont fait dans les espaces clos sont contagieux…) ; un portrait d’Hélène Bessette à qui l’altitude semblait donner le vertige, par Marianne Desroziers : Si Bessette n’a jamais percé alors qu’elle était écrivain, à qui la faute ?) ; les rêves à la Anton Reiser d’un frère aux « oreilles ridiculement petites», par Diane Frost ; les étranges questionnements d’une porte se faisant ? des cheveux « avec la relative position des gens », par Alain Lasverne ; le parler « mi-chien, mi-classique », le timbre, la petite musique, pas du tout "une rafignoleuse d’argot", ceux d’une Albertine Sarrazin vue par Salima Rhamna ; les « curiosités » d’un certain Pierre Margaille, auteur oublié (pourtant « dernier rempart contre la barbarie livresque ! »), présentées par Georgie de Saint-Maur ; une enquête sur un mobile à la fois sulfureuse et déjantée (Un jour, peut-être, un type un peu barré en a eu marre, mais à bout, de ces vieux téléphones merdiques et pourris à cordon qui encombraient son vestibule – mais de quel vestibule peut-il donc s’agir !), habilement menée par Philippe Sarr ! ; une Madame Putiphar aux mœurs étranges et négatives, « lascive, cruelle, presque vampirique, vêtue d’un simple peignoir de satin appelé laisse-tout-faire », abondamment décrite par Constance Dzian ; un François Cosmos, tout à la fois cosmique et terre-à-terre, dont les « absences énigmatiques » et régulières intriguent l’épouse pourtant habituée à ses récurrentes disparitions et qui s’étonne qu’à son retour qu'il ne sente » ni le grand air (…), ni le tabac (…), ni la friture asiatique ou de shoarma, ni le mazout, ni les embruns, ni la collégienne…, par… François Cosmos lui-même ; une Sylvia fantomatique, personnage à la Vermeer qui se souvient de ses « années de gloire », des hommes qu’elle a aimé et qui n’ont pu faire son bonheur ( ils l’ont volée, ruinée, vidée, menée à la dérive…), entrevue par Cécile Delalandre ; la vie « romancée » de Marie Bashkirtseff, à la fois féministe et « bonne peintre à laquelle le destin n’a pas laissé le temps de donner sa pleine mesure », « dans un marché de l’art dominé par le matérialisme bourgeois », par Christian Jannone ; les mots casse-gueule de Marlène Tissot que je ne me risquerais pas de reproduire ici sous peine de » trébucher et de me prendre les pieds dans (mes) petites ambitions mesquines » !; le chapeau de Kafka, retrouvé abandonné sur un trottoir, « sans tête, noir, et fait d’un beau tissu », par M’barek Housni (superbement illustré d’ailleurs par Pascale Mayeur-Sarr); un John Fante tombé dans l’oubli que suit une caméra au « ras du sol », un John Fante que « plus personne ne regarde : « aveugle, amputé de la jambe droite à hauteur du genou… », par Sébastien Ayreault ; enfin un « cadavre exquis » signé (eh oui, encore lui !), Sébastien Ayreault, Pierre Axel Tourmente, Alban Orsini, Chris Simon, Teddy Wadblé, Christian Attard, Etienne Brouzes, Philippe Correc, Sophie Adriensen, et Marianne Desroziers, où il est donc question d’adieux éphémères et de « bouddhistes tibétains » enchâssant « des prières dans des moulins qu’il suffit de faire tourner… »…
Sans oublier… les illustrations de Pascale Mayeur-Sarr donc, Guillaume Gasnot, Sébastien Lopez, Noémie Barsolle, Teddy Wadblé, et Jacques Cauda
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