- Antoine n’a pas connu la violence, ni le déshonneur, a fait Mira. Moi, les autorités sanitaires de l’époque ont été alertées bien trop tard… Je le paie maintenant encore. Mais bon, t’as jamais été très bavard concernant mon frère. Pourquoi maintenant, hein ? T’avais rien d’autre à dire, c’est ça ?
Sans doute cela provenait-il du fait qu’on sortait ensemble, Mira et moi. Je ne m’en étais jamais ouvert franchement. Quand pour Mira Antoine n’était qu’un nom, quelques photos, au mieux quelques témoignages glanés ici ou là, voire un neveu qu’elle ne voyait que rarement sinon quand ce dernier avait besoin de liquidité. Ce qui arrivait sommes toutes régulièrement, étant entendu que Lionel émargeait à 1200 euro par mois dans un institut de sondage et passait le clair de son temps dans des cours de théâtre qui lui coûtaient la peau des fesses !
- Ce petit con, comme elle disait. Ce petit con !
Mira est rentrée bredouille de son court voyage dans l’Eure. Le Henri en question n’avait rien voulu savoir. Un vieux con, selon Mira.
- Pas un cent ! Il n’a pas voulu lâcher le moindre cent ce vieux fumier. Même pas pour l’anniv’ de Lionel. Le rat.
Le vieux n’avait plus eu de nouvelles de Séraphine depuis plus de vingt ans, date à laquelle Séraphine avait été chassée de la propriété familiale en raison de ses activités sulfureuses.
- Une catin ! C’était une catin ! Voilà ce qu’était ta mère !
- Mais elle est morte…
- Veux pas le savoir ! Elle nous en a trop fait baver !
- T’aurais pas une photo d’elle à me donner…
- Non ! Tout jeté à la poubelle ! Fais plus partie de la famille maintenant ! Oubliée… Répudiée !
- Oubliée ? Et son œuvre ?
- Son œuvre ? De quelle œuvre veux-tu parler ?
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