jeudi 3 mai 2012

Un pur moment de rockn’ roll (V. Ravalec. Le Dilettante. 1990) - Entre douleur et révolte…




A 17 ans, à fortiori si on est un mec, un vrai, on fait la fête! On se came à la bière, on se laisse pousser la moustache, on se prend des coups plein la gueule et on ne bronche pas. A peine peut-on laisser échapper un cri. Mais ce cri, apprend-on très vite, est finalement le fait d’une femme. Vilaine comme Carabosse qui plus est ! Au mieux, la douleur (de l’autre) est-elle prétexte à rire : ... Il y avait un petit Rocky qui s’était salement brûlé à la forge, et qui rouvrait sa blessure en gloussant à chaque récré pour être dispensé d’atelier... 
Prétexte à rire, donc, ou le coup du thermomètre à mercure que l’on expose à la flamme d’un briquet pour en faire monter le niveau et l’intérêt que l’on fera ainsi porter sur soi (mine de rien !)…
Pourtant, les bobos tout comme les bosses sont bien réels. Ainsi, page 9, les mômes se mutilent ? Ou bien il s’agit de battre la mesure sur sa main avec une clé à pipe jusqu’à ce qu’une méchante bosse apparaisse. Page 10, lorsqu’un élève a un compte à régler avec un camarade de classe, il ne trouve rien de mieux à faire que de lui glisser une barre d’acier incandescent dans son bleu. Ou encore, comble de la cruauté et de l’horreur, il s’agira de planter une lame dans la fesse d’un copain (ce qui provoquera quelques éclats de rire)… Ainsi, les coups que chacun porte ou reçoit restent sans effet. Au contraire même : une semaine sans baston et tout le monde repart déçu !
Les Fil et autre Teddy, s’ils ne sont pas des chantres de la cruauté - pour preuve, leur goût prononcé pour la musique, fut-elle avant tout une musique de mecs - … On était en pleine période babas mais il était pas question d’avoir les cheveux longs… ne donnent pas dans la dentelle. Et si, par malheur (ou par lâcheté), quelques uns s’y laissaient aller, aussitôt seraient-ils taxés de vilaines petites filles !
On est entre hommes. Mais pas n’importe quel type d’hommes ! De préférence chaussés de pompes bleues ou courant un calibre à la main ! A moins que, comme d’autres, vous ne soyez sélectionnés dés votre plus jeune âge dans la catégorie conaud
Ici, on ne porte pas sa souffrance en bandoulière. Pourtant, on sent bien la difficulté que chacun éprouve à vivre dans un monde pétri de violences. Drame des drames, - est-ce l’une de ses injustices que dénonce l’auteur dans la mesure où ses personnages ont ceci de commun qu’ils ont tous dégagés en filière professionnelle – même l’école paraît avoir échoué dans sa mission civilisatrice. Surtout envers ceux qui, comme à la page 7, sont d’incorrigibles amoureux du radiateur. Pire, l’école est devenue un lieu de misères et d’exclusions à même de fabriquer des Kader et des petits Fil. Une violence génératrice de douleurs qui se répand comme une traînée de poudre (chacun se rendant coup pour coup). Exemple : on apprend que Fil qui, pour s’amuser, a cramé le dos d’un camarade de classe (brûlure au 3é degré) se prendra quelques jours plus tard un cutter dans les fesses !
(Comble de l'horreur, cela juste après que son frère se soit donné la mort en jouant à la roulette russe...).
Et écopera d'un anus artificiel.
Au final, on est assez proche de la parodie et de la caricature : On écoutait Elvis et Cochran, les Rolling Stones, c’était carrément des pédés…
Vivre, selon Teddy, c’est rayonner.
Cela quitte à jouer au con. 
A se colleter avec la mort...

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