CHBEBS!
Je viens de terminer "CHBEBS!" de
Salima Rhamna aux éditions de l’Abat-Jour, que je trouve furieusement
excellent! Longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon?, vrai polar (ici l’enlèvement
d’un écrivain par une bande de malfrats issus de la banlieue – celle des
blousons RG512 et des petites sacoches Vuitton - sud de Paris)... Un roman où l’on
tue, où l’on rit. Ou l’on préfère l’ombre – qui protège - à la lumière… Ou l’on croise des personnages hors normes. Une bande de horlas
fous furieux qui répandent leurs cris de révolte comme une traînée de poudre. De bons et
vrais personnages de roman qui n’hésitent pas à mentir ou à se travestir :
des personnages de « fiction » donc ! Des vrais qui ne donnent ni dans le
pathos ni dans le nombrilisme ! Aaaah? Pour
y regarder d’un peu plus prés, et sans aller jusqu’à évoquer une fois de plus
la présence quasi christique (cela n'engage que moi) de
Treuffais, avec lequel on compatit parfois (sa cabane dans la Creuse pourrait
être l’une des merveilles du monde et son histoire quasi incestueuse avec sa
nièce, une certaine Coline Goret, écrivaine blogueuse, émouvoir par son « pathétique »)
superbement réactivé, donc, la piste Treuffais, j'ai éprouvé un réel plaisir à suivre, "accompagner" dans leurs folles dérives les Licken, David, Goze, et autre De Gave, préfet énamouré d’origine cairote, ambassadeur urbain, lequel manie la langue de Voltaire - celle que l'on parle dans les salons dorés de la République - comme
on manie l’hameçon, ici celui du séducteur et du libertin !), l’écrivain
saucissonné Blèche, un misanthrope sans scrupules amateur de sexualité exotique,
Vit d'âne ou encore cette pharmacienne nymphomane dont la poitrine généreuse mettra tout un village en
émoi ( un rencontre de lecture
absolument savoureuse!). Cruel, tout en
étant éminemment drôle (l'œil était dans
l'anus et regardait Cocteau), que ce roman que Salima Rhamna présente comme
un polar spagaytti, qui, ce qui n'ôte
rien à son extrême originalité, m'a parfois rappelé le "Finnegans
wake" de Joyce, par cette langue à la fois poétique et parodique (en ce
sens Molly est-elle une référence à la fameuse Molly Bloom?). Bref un bon et bel
électrochoc! Furieux, intense, nerveux. Un flux de mots tranchants, radicaux qui « soufflent contre toi le feu » d’une sourde communion insurrectionnelle !
(Roman disponible sur le site des éditions de l'Abat-Jour, où l'on peut aussi trouver une interview de l'auteure!)...
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