vendredi 16 septembre 2011

Bourdonnements 1




Je ne me lasse pas de cette phrase : « … Ce n’est pas le bruit d’un avion. C’est le bourdonnement d’un insecte qui voltige prés de mon oreille : un insecte plus petit qu’une mouche, qui trace dans l’air quelques cercles sous mes yeux avant de disparaître dans un angle de la pièce obscure… ».(Murakami Ryû, Bleu presque transparent).

Dans son journal un médecin japonais qui, en 45, exerçait dans un hôpital de campagne, tout prés de Hiroshima, raconte l’effroi suscité par l’explosion de la bombe (原爆 gen'baku…). La vision du champignon atomique, une boule de feu coiffé d’un gigantesque nuage de fumée blanche. Puis, le silence. Et enfin cette question : qu’est-ce qui a bien pu provoquer ça ?

C’est ce silence que j’entends dans cette phrase. Son fantôme… Ce n’est pas le bruit d’un avion. C’est le bourdonnement d’un insecte qui voltige prés de mon oreille…

Une photo accompagne l’extrait. Une photo de la ville. Celle de Hiroshima. Et en dessous, un extrait d’un article de Camus paru un peu plus tard et dans lequel il exprime sa stupéfaction, son désarroi face à l’absurdité, à la bêtise des commentateurs de l’époque, fascinés par la performance du jour : une bombe de la taille d’un ballon de foot dotée d’une capacité de destruction hors du commun !

Bleu presque transparent… Comme le ciel avant l’explosion qui allait consacrer le mariage du ciel et de l’enfer. La bombe - 原爆 - le champignon… (kinoko) !





1 commentaire:

  1. Effet papillon vibratoire d'un sujet grave sur la plume d'une mouche..."Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse"??...Une autre onde : bravo Phi!

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